jeudi 23 août 2012

Comment l'humanité a-t-elle enfanté d'un monstre? D'où vient le racisme (mise à jour Aout 2014)




Mon article a été écrit en août 2012, le sondage présenté ci-dessus date d'avril 2014. J'ai donc décidé de mettre à jour mon article (deux ans plus tard) et modifié quelque peu le début de mon introduction.

Pour minimiser le compte rendu de ce triste graphique d'avril 2014,  je voudrais commencer par une note plutôt positive sur le racisme en France. Contrairement à beaucoup j'estime que le racisme que l'on peut observer aujourd'hui dans la population n'est pas réellement du "vrai racisme". Lorsque l'on dit qu'au XXIe siècle une personne sur trois est raciste en France, je suis persuadé que c'est faux. Ce que l'on appelle racisme est plus en réalité une sorte de peur et d'inquiétude face à ce qui est différent de soi et que l'on arrive pas à comprendre. Une réaction face à une situation d'insécurité, nous ne nous sentons pas à l'aise, il faut trouver une explication à ce malaise et donc désigner un bouc émissaire, cela peut être la faute des noirs, des arabes, des asiatiques, des immigrés, des réfugiés, des jeunes, des vieux, des homosexuels, des handicapés… Personnellement je n'appellerais pas cela du racisme mais plutôt de la peur malsaine. Il y a beaucoup de peurs malsaines en France. Les gens vont trouver une mauvaise réponse à un sentiment de peur qui à la base peut être compréhensible. En revanche, lorsque l'on arrive à refuser les différences d'autrui et à les mépriser, c'est là que cela devient dangereux.
A l'origine et dans les faits, le racisme désigne quelque chose de bien pire et abjecte que cela. C'est une idéologie qui part du postulat qu'il existe chez les êtres humains plusieurs races et que certaines d'entre elles sont intrinsèquement supérieures à d'autres. A partir de là, cette idéologie peut entraîner une attitude d'hostilité, ou d'indifférence à l'égard d'une catégorie déterminée de personnes ; Si tu estimes en tant que personne blanche que tu n'es pas de la même race qu'une personne noire et que tu lui es supérieur, ou si tu es noir et que tu estime les blancs comme t'étant inférieurs et d'une autre race, même sans leur en vouloir, tu es une personne raciste. Le racisme n'est pas forcément virulent contrairement à ce que l'on pourrait penser. Il suffit de voir avec quel calme et quel naturel Jean-Paul Guerlain a sorti une réflexion raciste, pour lui sans conséquence, lors d'une interview sur son nouveau parfum sur le plateau de France 2 en octobre 2010.

Dans les cas d'hostilités, le racisme va se traduire par ce que l'on va appeler des discriminations raciales qui peuvent être soit des injures racistes, des diffamations raciales, de la ségrégation raciale (exclusion), des déportations, des violences allant parfois jusqu'aux meurtres et à plus grande échelle aux génocides.

Origine du racisme

Tout d'abord, il est important de ne pas banaliser le racisme et de ne pas se débarrasser du problème en énonçant qu'il a tout toujours existé. Cela n'avance à rien. De plus, dire que le racisme a toujours existé n'est pas une affirmation exacte! Il est plus correct de dire que dans l'histoire de l'humanité, il a toujours existé des préjugés culturels. Chaque peuple s'est un jour ou l'autre senti différent d'un autre peuple et cela par le simple fait par exemple de ne pas parler la même langue. 

Dans l'Antiquité par exemple, tous les étrangers étaient considérés comme des "barbares" pour les grecs, peu importe leur couleur de peau. Les grecs considéraient leur langue comme une langue sacrée et "Barbaros" était un terme grec qui désignait celui qui parle une langue incompréhensible, celui qui ne parle pas le grec. L'idée même de "race" n'existait pas et n'était pas en cause. Pourtant, ces peuples n'étaient pas forcément plus civilisés qu'à une autre époque, ils avaient des esclaves qu'ils considéraient comme des objets ou des animaux domestiques. Ils pouvaient leur faire tout ce qu'ils voulaient à partir du moment qu'ils les possédaient, même les tuer. Cela n'avait cependant strictement rien à voir avec du racisme, si l'esclave était affranchi, il devenait un citoyen comme les autres et ce quelque soit sa couleur de peau.

Contrairement à ce que bon nombre de personnes peuvent penser, il y avait à l'époque des temps anciens, une grande ouverture d'esprit sur les "races" et aucune ne prévalait sur une autre. On retrouve cette sagesse d'enseignement chez les Romains. Cicéron écrivait : "Les hommes diffèrent par leur savoir, mais ils sont tous égaux pour leur aptitude au savoir. Il n'est pas de race qui, guidée par la raison, ne puisse parvenir à la vertu".

Environs 1000 ans plus tard, l'esclavage finit par disparaitre dans la plupart des pays européens. A cette période, en Europe, c'est le plein essor du christianisme, on veut à l'époque imposer à tout le monde cette religion. On persécute alors toutes les personnes qui ne sont pas chrétiennes (les juifs ou les musulmans). Cependant, il est utile de souligner que cette fois ce n'est pas la langue mais la religion qui était visée dans les persécutions, la notion de "race" était encore une fois absente (l'ethnie et la couleur de peau). 

La colonisation

En 1492, Christophe Colomb "découvre l'Amérique". Je mets des guillemets car Colomb n'a en réalité jamais foulé le continent américain de sa vie. Il découvrit en revanche plusieurs îles des Caraïbes telles que San Salvador, l'île Hispaniola (aujourd'hui Haïti et la République dominicaine), Cuba, la Jamaïque ou Porto Rico. Les puissances européennes que sont l'Espagne, le Portugal, l'Angleterre et la France s'aperçoivent alors des richesses de ce nouveau monde et veulent se les accaparer. Toutefois, elles ne disposent pas de main d'oeuvre suffisante pour exploiter les mines et les plantations. Aussi, elles décident de rétablir l'esclavage. Les puissances européennes vont tout d'abord utilisées les peuples locaux, les Natives Americans ou Amérindiens. Après avoir massivement éradiqué une grande partie du peuple des Amériques, soit volontairement par des massacres et encore plus involontairement par l'apport de maladies infectieuses comme la tuberculose, la coqueluche, la variole ou la rougeole, les puissances coloniales vont alors se retrouver sans main d'oeuvre. Elles vont alors décider de vider l'Afrique d'une grande partie de sa population pour les utiliser comme esclaves, c'est la longue histoire de la traite négrière qui s'étendit sur plusieurs siècles. C'est à cette époque que l'on commencera à parler de "races" supérieures et inférieures. 
Cependant, au début de la colonisation, les Européens s'estiment supérieurs pour deux principales raisons, premièrement ils sont "civilisés" et deuxièmement ils ont la foi, la connaissance en la Bible. Leur connaissances les rendent donc soit disant meilleurs et supérieurs aux autres peuples dit "sauvages" qu'il fallait du coup tenter d'émanciper en les libérant de l'ignorance, en leur apportant les lumières divines de la Sainte Bible. Bah voyons! On voit donc qu'une pensée de race supérieure sur une autre prend forme avec l'histoire de la colonisation. 

La philosophie du siècle des Lumières

1- Voltaire

Ces pensées malsaines vont ensuite prendre une réelle ampleur au XVIIIe siècle sous l'impulsion des philosophes dit des Lumières qui se révèlent être les précurseurs d'une véritable idéologie raciste. On peut lire ces propos virulents dans les écrits du philosophe Voltaire qui participe activement à la bestialisation des personnes noires lorsqu'il dit par exemple : « Je me suppose donc arrivé en Afrique, et entouré de nègres, de Hottentots, et d'autres animaux. » ; « Que rencontré-je de différent dans les animaux nègres?»

« Leurs yeux ronds, leurs nez épatés, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu’ils ne doivent point cette différence à leur climat, c’est que des Nègres et des Négresses, transportés dans les pays les plus froids, y produisent toujours des animaux de leur espèce, et que les mulâtres ne sont qu’une race bâtarde d’un noir et d’une blanche, ou d’un blanc et d’une noire. » (Voltaire, « Essai sur les mœurs et l’esprit des nations » (1756), Introduction, Chapitre II, « Différentes races d’hommes »)

« Enfin je vois des hommes qui me paraissent supérieurs à ces nègres, comme ces nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres et aux autres animaux de cette espèce. » (Voltaire, « Traité de métaphysique » (1734), Chapitre V, « Si l'homme a une âme, et ce que ce peut être »)

« Je m'aperçois même que ces animaux nègres ont entre eux un langage bien mieux articulé encore, et bien plus variable que celui des autres bêtes. J'ai eu le temps d'apprendre ce langage, et enfin, à force de considérer le petit degré de supériorité qu'ils ont à la longue sur les singes et sur les éléphants, j'ai hasardé de juger qu'en effet c'est là l'homme; et je me suis fait à moi-même cette définition : L'homme est un animal noir qui a de la laine sur la tête, marchant sur deux pattes, presque aussi adroit qu'un singe, moins fort que les autres animaux de sa taille, ayant un peu plus d'idées qu'eux, et plus de facilité pour les exprimer ; sujet d'ailleurs à toutes les mêmes nécessités; naissant, vivant, et mourant tout comme eux. »

« Après avoir passé quelque temps parmi cette espèce, je passe dans les régions maritimes des Indes orientales. Je suis surpris de ce que je vois : les éléphants, les lions, les singes, les perroquets, n'y sont pas tout à fait les mêmes que dans la Cafrerie, mais l'homme y paraît absolument différent ; ils sont d'un beau jaune, n'ont point de laine ; leur tête est couverte de grands crins noirs. Ils paraissent avoir sur toutes les choses des idées contraires à celles des nègres. Je suis donc forcé de changer ma définition et de ranger la nature humaine sous deux espèces la jaune avec des crins, et la noire avec de la laine. »
« La race des Nègres est une espèce d’hommes différente de la nôtre (…) on peut dire que si leur intelligence n’est pas d’une autre espèce que notre entendement, elle est très inférieure. Ils ne sont pas capables d’une grande attention, ils combinent peu et ne paraissent faits ni pour les avantages, ni pour les abus de notre philosophie. Ils sont originaires de cette partie de l’Afrique comme les éléphants et les singes ; ils se croient nés en Guinée pour être vendus aux Blancs et pour les servir. » (Voltaire : 'Essai sur les moeurs', Genève, 1755, t.XVI, p.269-270))

Il dit également que le nègre est "un animal noir qui a de la laine sur la tête, marchant sur deux pattes presque aussi adroit qu'un singe, moins fort que les autres animaux de sa taille, ayant un peu plus d'idées qu'eux, et plus de facilité pour les exprimer."

2- Montesquieu

Après Voltaire qui considérait les noirs comme des animaux ou une espèce d'hommes inférieure aux blancs, arrive Montesquieu, le pire de tous puisque lui ne considérait même pas les noirs comme des êtres humains et de ce fait leur souffrance face à l'esclavage était peu de choses. Voici ce qu'il dit : “Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :  Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres. Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre. On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l’essence de l’humanité, que les peuples d’Asie, qui font des eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec nous d’une façon plus marquée. On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains. Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or, qui, chez des nations policées, est d’une si grande conséquence. Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens. De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié?"( L'Esprit des lois (chapitre V, Livre XI), Montesquieu (1748))

Il est d'ailleurs surprenant de rencontrer à notre époque des gens qui se disent censés (souvent des professeurs ou des gens dans le droit) qui défendent sans la moindre once de gêne Montesquieu. Tous expliquent qu'il ne pensait absolument pas ce qu'il a écrit et que que son texte n'était qu'ironie pour dénoncer les points de vue de son époque. D'où tirent-ils cette affirmation? Ce texte ne fit nullement scandale ou polémique à sa publication, bien au contraire. Si "L'Esprit des Lois" avait été présenté et compris comme ironique, à une époque où l'esclavage et la notion de supériorité des blancs sur les noirs étaient reconnu de tous, ce texte aurait directement mis en cause les fondements même de la prospérité française et le texte aurait provoqué un tollé général. Et quand bien même ce texte aurait été une critique déguisée, ce dont je doute*, le publier à une époque où l'esprit des gens n'est absolument pas éclairé n'a eu pour seul effet immédiat que de jeter de l'huile sur le feu. Faites de l'ironie auprès d'un antisémite, d'un raciste ou d'un homophobe vous verrez s'il l'a comprend ou si ça ne fait que le conforter dans sa bêtise. Après il est clair qu'il est plus facile de dormir le soir et de s'assumer en tant que peuple des  philosophes des "Lumières" en se persuadant qu'ils n'étaient pas les précurseurs d'une idéologie suprémaciste. 

* Cela reste possible mais il n'est pas là pour nous le dire.

3- David Hume

A la même époque David Hume écrit quant à lui : « Je suspecte les Nègres et en général les autres espèces humaines d’être naturellement inférieurs à la race blanche. Il n’y a jamais eu de nation civilisée d’une autre couleur que la couleur blanche, ni d’individu illustre par ses actions ou par sa capacité de réflexion... Il n’y a chez eux ni engins manufacturés, ni art, ni science. Sans faire mention de nos colonies, il y a des Nègres esclaves dispersés à travers l’Europe, on n’a jamais découvert chez eux le moindre signe d’intelligence ». (David Hume, Sur les caractères nationaux, Vol III')

4- Emmanuel Kant

Emmanuel Kant qui eu à l'époque son mot à dire affirma « La nature n’a doté le nègre d’Afrique d’aucun sentiment qui ne s’élève au-dessus de la niaiserie(...) Les Noirs (...) sont si bavards qu’il faut les séparer et les disperser à coups de bâton ». (Emmanuel Kant, 'Essai sur les maladies de la tête, Observation sur le sentiment du beau et du sublime, éd. Flammarion, 1990')

Les classifications de "races"

C'est ainsi qu'une philosophie raciale suprémaciste se distilla dans la société du XVIIIe siècle tel un poison. A cela vinrent s'ajouter les premières ébauches pseudo-scientifiques avec les premières classifications de la race humaine. Ces classifications sont tout simplement nées du besoin de l'homme de vouloir toujours tout codifier, tout compartimenter, tout comparer afin de pouvoir avancer. Poussées à leur paroxysme, l'histoire nous apprend que ces classifications n'ont pas du tout aboutit  à des choses saines et joyeuses.

1- Carl von Linné

En 1758, dans son "Systema Natura, le naturaliste suédois Carl von Linné fut le premier à tenter d'établir une classification de l'Homo Sapiens. Cette classification devait être basée sur des critères physiques. Il en distingua quatre variétés, leur attribuant cependant des caractéristiques peu scientifiques :
- les Americanus : rouge de peaux, colériques, francs, enthousiastes et combattifs 
- les Europeanus : blanc pâle de peau, sanguin, musclés, rapides, astucieux et inventifs
- les Asiaticus : jaune de peau, inflexibles, sévères, mélancolique et avaricieux
- les Africanus : noir de peau, lents, flegmatiques, décontractés et négligents. 
- les Monstrosus : les nains des Alpes, les géants de Patagonie et les Hottentots monorchistes (peuple du Sud de la Namibie, qui n'aurait qu'un seul testicule)

Cependant, il est dit de Linné qu'il ne considérait pas qu'une race était supérieure à une autre. Difficile à croire, personnellement, si l'on me présente deux être humains et que l'on me dit que l'un est musclé, astucieux et inventif et que l'autre est lent, flegmatique et négligent, je vais bien évidemment avoir tendance à considérer le premier "supérieur" à l'autre. De part leurs écrits, tous ces soit-disants hommes de sciences et philosophes ont une lourde responsabilité vis à vis de notre histoire.

2- Johann Blumenbach

En 1775, l'anthropologue et naturaliste allemand Johann Blumenbach proposa une nouvelle classification des Homo Sapiens. C'est lui qui employa pour la première fois le terme de "race" pour parler d'êtres humains. C'est également lui qui fut à l'origine du terme caucasien. 
Pour lui, il y avait 5 "races" d'êtres humains :
- la race caucasienne à peau pale (Europe), 
- la race mongole (Asie), 
- la race éthiopienne à peau sombre (Afrique), 
- la race américaine à peau rouge (Ameriques)
- la race malaise (Polynésiens, aborigènes…).

Il plaça la race caucasienne à l'origine des autres selon un critère très personnel : C'était pour lui la race la plus belle, les autres races n'étant qu'une dégénérescence par rapport à cette population originelle. Le terme dégénérescence n'est cependant pas à l'époque préjoratif, il était employé dans le sens "écart par rapport à". Blumenbach indique toutefois que toutes les races d'hommes correspondent à une seule et même espèce. Il défend le principe d'unité de l'espèce humaine. il affirme que tous les hommes proviennent d'une souche unique et ne sont différents qu'en vertu de modifications climatiques progressives et réversibles. C'est ce qu'il appelle le phénomène de la dégénération. Or ce qu'il avance est faux, comme chacun sait la race caucasienne n'est absolument pas la population originelle aux autres races. Une étude scientifique de janvier 2010 sur la diversité génétique des populations modernes, menées par des chercheurs de l'université de Leicester au Royaume-Unis (Docteur Mark Jobling  et la Docteur Patricia Balaresque) ont d'ailleurs établi que la plupart des hommes européens descendent d'agriculteurs qui sont arrivés d'Anatolie (Asie mineure) et d'Asie centrale il y a entre 5000 et 10 000 ans.
Le rendu officiel de l'étude ici : http://www.plosbiology.org/article/info:doi/10.1371/journal.pbio.1000285

Le terrain fertile à la naissance du racisme

Avec la colonisation, les virulents préjugés raciaux des philosophes des lumières et les deux classifications à caractère pseudo-scientifique de la "race" de Linnée et Blumenbach, la chimère du racisme est lancée, même si le mot n'existe pas encore. 

Là où on pouvait néanmoins voir dans les classifications des "races", une tentative compréhensible de la part de naturalistes d'expliquer les différences entre les êtres humains, on ne peut noter chez les philosophes des lumières qu'un profond racisme. Monsieur Charles Darwin est ensuite venu jeter de l'huile sur ce brasier infernal en affirmant l'idée qu'il fallait que seul le plus fort survive pour maintenir l'évolution de l'espèce. L'idée de lutte est désormais lancée!

Charles Darwin et sa théorie de l'évolution

La plupart des darwinistes professent aujourd'hui que Darwin n'était pas raciste et que ce sont les personnes racistes qui ont extrapolé de façon biaisée ses propos pour soutenir leurs idées néfastes. Il est évident que les darwinistes ont intérêt à défendre leur chef de file, il serait en effet bien embêtant pour des personnes non racistes de suivre un homme qui l'était. Malheureusement, ces personnes refusent de voir la vérité, Darwin était assurément une personne raciste, c'est un fait! Pas dans le sens négatif comme on l'entend aujourd'hui, le racisme n'est pas forcément virulent, mais il pensait de manière toute naturelle qu'il y avait plusieurs races humaines et que pire que certaines races étaient inférieures à d'autres. Comme on l'a vu au dessus, c'est exactement la définition du racisme.

Cette idée de pluralité des races et de races supérieures et inférieures, on la trouve dans son livre "La descendance de l'homme" et dans son livre "La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe".

"Dans un avenir pas très lointain en comptant par siècles, les races civilisées de l'homme vont sans doute exterminer et prendre la place des races sauvages à travers le monde. Dans un même temps, les singes anthropomorphes seront sûrement exterminés. La séparation entre l'homme et ses alliés les plus proches s'intensifiera car elle touchera, je l'espère, l'homme dans son état plus civilisé, le Caucasien et certains singes aussi inférieurs que le babouin, au lieu comme c'est le cas aujourd'hui entre le nègre, ou l'Australien et le gorille."( Charles Darwin, La descendance de l'Homme, 1874.) 

"Il est généralement admis que chez la femme les capacités d'intuition, de perception rapide, et peut-être d'imitation, sont plus fortement marquées que chez l'homme ; mais quelques-unes, au moins, de ces facultés sont caractéristiques des races inférieures, et donc d'un état passé et inférieur de civilisation. (Charles Darwin, La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe, 1871.)

Donc pour lui la femme a des facultés qui résultent de races inférieures, les personnes noires et les aborigènes d'Australie sont des races inférieures au même rang que le babouin et le gorille. Comment peut-on encore entendre aujourd'hui des personnes dire que Darwin n'était pas raciste? C'est aberrant! Les gens qui l'affirment sont des incultes qui n'ont en réalité jamais lu ses livres!

Les préjugés racistes de Darwin sont également ouvertement exposés dans ses écrits sur les indigènes de la Terre du Feu, peuple aujourd'hui disparu qu'il eu l'occasion de rencontrer et d'observer en Argentine lors d'un long voyage commencé en 1871. Dans ses commentaires il les décrit comme étant des créatures vivantes complètement nues, submergées de teinture, mangeant ce qu'ils trouvaient. Tout comme les animaux sauvages, ils étaient incontrôlables et cruels et prenaient un malin plaisir à torturer leurs ennemis, offrant des sacrifices ensanglantés, assassinant leurs propres enfants et maltraitant leurs femmes. Pourtant le chercheur Snow qui visita cette région dix ans auparavant, en présenta une image très différente. Selon Snow, ces indigènes étaient des gens délicats d'apparence puissante ; ils aiment leurs enfants, certains des objets qu'ils fabriquaient étaient ingénieux, ils reconnaissaient un certain droit de propriété et ils acceptaient de se soumettre à l'autorité de certaines femmes âgées.

Après avoir lu "L'Origine des espèces", le professeur Adam Sedgwick, ami pourtant très proche de Darwin, prédit les dangers que la théorie de l'évolution allait provoquer. Il proclama : "Si ce livre se faisait accepter par l'opinion publique générale, il mènerait à un abrutissement de la race humaine sans précédent." Malheureusement, le temps a donné raison à Sedgwick et le XXème siècle fut un âge sombre où des millions de gens se sont fait massacrer pour leurs origines éthiques…

Le grand paradoxe de Darwin

Pour ne pas nuire à la réception de ses thèses sur la théorie de l'évolution, Darwin s'interdira pendant plus d'une décennie toute déclaration publique sur l'homme. Le problème c'est que dans ses livres, c'est lui qui fait le parallèle entre les espèces animales et la société humaine! Dire qu'il n'a jamais formellement promulgué le darwinisme social est un mensonge! Il lançait des idées à travers ses ouvrages, des idées qu'il énonçait comme des faits et après il s'offusquait et s'étonnait que ses hypothèses soient repris pour s'appliquer dans les sciences humaines et sociales, ce n'est pas sérieux... Certes il n'est pas le fondateur du darwinisme social mais il en est le premier grand précurseur, le grand déclencheur.

Dans son deuxième livre "La descendance de l'homme et la sélection sexuelle" Darwin est allé encore plus loin que dans "L'Origine des Espèces" en prétendant qu'il était nécessaire que les races inférieures disparaissent et qu'il n'était en revanche pas du tout nécessaire que les peuples développés essayent de protéger les faibles ou de les maintenir vivants. Il compara cette situation à celle des éleveurs d'animaux reproducteurs. Vous vous rendez compte de la gravité d'une telle déclaration??? Il dit très exactement ceci : "Les sauvages, les faibles de corps ou d’esprit seront bientôt éliminés ; ceux qui survivront possèderont généralement un état de santé vigoureux. Cependant, nous, les hommes civilisés, nous faisons tout notre possible pour freiner le processus d'élimination car nous construisons des asiles pour l'imbécile, le mutilé et le malade ; nous passons des lois d'assistance publique ; et nos médecins prouvent leur extrême habileté en cherchant à sauver la vie de chaque malade. Il existe une raison pour croire que la vaccination a sauvé des milliers de personnes qui auraient autrement succombé à la petite vérole. C’est ainsi que les membres faibles des sociétés civilisées parviennent à propager leur genre. Quiconque s'est occupé un jour de l'élevage d’animaux domestiques ne peut douter de la conséquence hautement nuisible que cela engendrera à la race humaine." (Charles Darwin, The Descent of Man, 2ème édition, 1874, p. 171)

On voit ici que Darwin défend sans aucun complexe l'extermination de ce qu'il appelle les races inférieures. Selon lui, il est essentiel d'empêcher la multiplication des races "inférieures" pour ainsi favoriser leur extinction. C'est tout simplement odieux et insupportable! Tout ce que Darwin affirma dans ce livre après y avoir longuement réfléchi fut pourtant énoncé 15 années plus tôt par une femme.

Clémence Royer

Clémence Royer, philosophe et féministe française, traductrice comme par hasard de la première édition de "L'Origine des espèces" de Darwin affirma ceci dans la préface du livre : "Les hommes sont inégaux par nature :  voilà le point de départ d'où il faut partir". En lisant cette odieuse préface, on voit qu'elle y prône la nécessite d'une élite, d'une race supérieure. Cette humanité supérieure est faite selon elle "d'êtres doués d'esprits et de corps, auxquels il faut subordonner les être vicieux et malingres" qui constituent une charge et un frein au progrès de la civilisation. "Que résulte-t-il de la protection exclusive, inintelligente, accordée aux faibles, aux infirmes, aux incurables, aux méchants eux-mêmes, à tous les disgraciés de la nature? Rien, ce n'est que sensiblerie vaine et dangereuse, et non pas compassion efficace", conclut-elle. La sélection naturelle dit-elle est une loi de la nature, elle consacre les lois de l'évolution, qui a permis les transformations de l'espèce humain, comme de toutes les autres espèces. les conséquences humaines et les conséquences morales de la théorie darwinienne c'est par exemple "la nécessité de l'expansionnisme colonial, nécessité relative au progrès de l'espèce et à la victoire définitive de ses rameaux supérieurs". La société contemporaine, affirmera-t-elle plus tard, en refusant ces conséquence, connaîtra une forme de "décadence qui risque d'amener la dégénérescence européenne, et surtout française". Ce sera l'ultime phrase de son testament, en 1895. Clémence Royer est donc la précurseur incontestable du darwinisme social avant Spencer, de l'eugénisme avant Galton et du racisme pure.

Dégâts du darwinisme

Remplacer les croyances spirituelles selon laquelle Dieu a crée les hommes égaux par le darwinisme qui suggère que l'homme est le résultat d'une évolution à partir de créature primitives et que certaines races sont par un stade d'évolution plus avancé dites supérieures à d'autres, a permis de présenter un masque scientifique au racisme moderne. Darwin a donc selon moi une lourde responsabilité dans l'émergence du racisme et des violences sur les ethnies du XXe siècle. 

Des discriminations et des éradications basées sur des critères physiques existaient avant Darwin, c'est une évidence et cela probablement depuis le début de l'humanité. Cependant le grand crime de Darwin a été d'offrir une fausse respectabilité et une légitimité scientifique à ces discriminations. C'est pour moi l'élément déclencheur qui entraina non seulement comme je l'ai dit plus haut, la montée du racisme et des violences dans nos sociétés mais pire, cela entraina une partie du monde dans l'athéisme (je développerais ce point dans un prochain article).

Du darwinisme au darwinisme social

Herbert Spencer 

Herbert Spencer, philosophe évolutionniste et sociologue voit dans les luttes civiles, les inégalités sociales et les guerres de conquête rien de moins que l'application à l'espèce humaine de la sélection naturelle prônées par la théorie de l'évolution de Darwin. Il va alors appliquer le principe de survie du plus apte que l'on trouve dans la nature aux sociétés humaines et formule ce que l'on va appeler le darwinisme social. Il y a donc selon lui différentes races qui doivent lutter constamment pour assurer la survie. Le gagnant est le plus fort et le mieux adapté.

Bien que cette doctrine lui soit complètement imputée, le terme de darwinisme social n'est en revanche pas de lui. Il est apparu pour la première fois dans un tract intitulé "Le Darwinisme social" publié en 1880 à Paris par Emile Gautier, un théoricien anarchiste français.

Sur le plan politique et moral, le darwinisme social fut terrible, il servit à justifier scientifiquement plusieurs concepts politiques liés à la domination par une élite d'une masse jugée moins apte. Parmi ceux-ci, on trouve le colonialisme, l'eugénisme, le fascisme et le nazisme. Le darwinisme social préconise la levée des mesures de protection sociale, l'abolition des lois sur les pauvres ou encore l'abandon de toutes conduites charitables. Herbert Spencer pensait ainsi que "toutes protections artificielles des faibles étaient un handicap pour le groupe social auquel ils appartenaient, dans la mesure où cette protection avait pour effet de le mettre en position d'infériorité face aux groupes sociaux rivaux" (du Darwin pur jus en pire).

La théorie de la survie des mieux adaptés de Spencer fut accueillie chaleureusement par les autres savants des sciences sociales de l'époque et cela se répandit malheureusement par la suite dans toutes les autres couches de la population. Les gens en sont venu à admettre l'idée que l'humanité avait traversé divers stades d'évolution pour arriver au point culminant de la civilisation blanche. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le racisme fut accepté comme un fait par une grande majorité des scientifiques occidentaux. 

Pourtant chose étonnante, le darwinisme social est, dans l'un de ses fondements, strictement à l'opposé de la sélection de Darwin. En s'appuyant sur l'idéologie de l'eugénisme qui vise à planifier et contrôler le droit d'avoir des enfants en sélectionnant artificiellement ceux qui pourront se reproduire, on voit en effet que la sélection du darwinisme social n'a rien de naturelle.

Racisme "scientifique"

1- Herbert Spencer

Herbert Spencer écrivit que "les capacités intellectuelles du non-civilisé ne sont pas plus évoluées que celles se trouvant chez les enfants du civilisé". Le philosophe matérialiste Carl Vogt l'a dit d’une manière plus explicite en 1864 : "Les capacités intellectuelles d’un adulte de couleur noire sont comparables à celles d'un enfant… Quelques tribus ont certes fondé des petits états possédant une organisation particulière. Pourtant, en ce qui concerne tout le reste, nous pouvons sans risque affirmer que cette race entière n'a rien réalisé de progressiste et de valable pour l'humanité ou rien n’étant simplement digne de conservation ni dans le passé, ni dans le présent." (David N. Menton, Ph.D., The Religion of Nature: Social Darwinism, septembre 1994, vol. 4)

Pour prouver scientifiquement la supériorité de la race blanche et du même coup leur droit d'opprimer, de coloniser et d'exterminer s'il le faut d'autres races, certains anthropologues n'ont pas hésité à falsifier leur données et inventer des tromperies scientifiques. Dans son livre "The Mismeasure of Man", le paléontologue américain Stephen Jay Gould indique que la méthode la plus employée était la falsification de la dimension cérébrale des crânes fossilisés trouvés. Il mentionne que beaucoup d'anthropologues avaient assumé que la dimension cérébrale avait un rapport avec l'intelligence et avaient donc intentionnellement exagéré la taille des crânes caucasiens et sous-estimé la taille des crânes des noirs et des indiens. (David N. Menton, Ph.D., The Religion of Nature: Social Darwinism, St. Louis Metro Voice, septembre 1994)

2- George Vacher de Lapouge

L'anthropologue darwiniste français Vacher de Lapouge a par exemple suggéré, dans son travail intitulé "Race et milieu social essais d'anthroposociologie" (Paris 1909), que les races non-blanches descendaient de sauvages qui n'avaient pas appris à se civiliser et qu’ils étaient les représentants dégénérés des classes de sang mixte. Il proposa de mesurer la taille des crânes des classes supérieures et inférieures présentes dans un des cimetières de Paris. D’après ses conclusions, certaines personnes étaient enclines, en raison de la taille de leur crâne, à être riches, sûres d'elles-mêmes et libres alors que d’autres étaient vouées à être conservatrices, à se contenter de peu, à posséder en quelque sorte toutes les qualités nécessaires d'un bon domestique. Les différentes classes étaient donc le produit de la sélection sociale. Les classes supérieures de la société correspondaient aux races supérieures, leur degré de richesse étant proportionnel à la taille de leur crâne. 

Lapouge déclara plus tard : "Je pense que dans les années à venir, les gens s’entretueront pour la forme de leurs têtes, qu’elles soient rondes ou pointues." Cette prophétie s'est en quelque sorte réalisée, le XXe siècle ayant été témoin de nombreux massacres justifiés au nom du racisme!

La déferlante du racisme pure

1- Charles Richet

"Lorsqu'il s'agira de la race jaune, et, à plus forte raison, de la race noire, pour conserver, et surtout pour augmenter notre puissance mentale, il faudra pratiquer non plus la sélection individuelle comme avec nos frères les blancs, mais la sélection spécifique, en écartant tout mélange avec les races inférieures."

"Après l’élimination des races inférieures, le premier pas dans la voie de la sélection, c’est l’élimination des anormaux… On va me traiter de monstre parce que je préfère les enfants sains aux enfants tarés … Ce qui fait l’homme c’est l’intelligence. Une masse de chair humaine, sans intelligence, ce n’est rien …

Charles Richet (1850-1935, Prix Nobel de médecine et physiologie 1913, Sélection humaine 1919)

2- Etienne Serres

L'anatomiste français Etienne Serres a par exemple vraiment soutenu l’idée que les mâles noirs étaient primitifs parce que leurs nombrils se trouvaient à un niveau inférieur de celui des blancs.

3- Havelock Ellis

Contemporain de Darwin, l'évolutionniste britannique Havelock Ellis, médecin, psychologue a soutenu ce concept de races supérieures et inférieures par une explication soi-disant "scientifique": "L'enfant de race africaine est, à la naissance, à peine moins intelligent que l'enfant européen. Pourtant l'africain devient plus il grandit stupide et obtus et puis toute sa vie sociale tombe dans un état de routine bornée. De son côté, l'Européen conserve la plupart de sa vivacité enfantine." (Stephen Jay Gould, Ever Since Darwin, 1992, p. 220) Rien à voir mais Havelock Ellis est également l'un des trois fondateurs de la sexologie, c'est amusant lorsque l'on sait que l'homme s'est marié puceau à 32 ans à une écrivaine et que dès le début de leur mariage la femme va se déclarer ouvertement lesbienne.

4- Pierre Larousse

Dans son ouvrage le "Grand dictionnaire universel du XIXe siècle", Pierre Larousse, pédagogue, lexicographe et encyclopédiste français, connu pour avoir donné son nom au Petit Larousse donne sa vision des choses.

"C'est en vain que quelques philanthropes ont essayé de prouver que l'espèce nègre est aussi intelligente que l'espèce blanche. Un fait incontestable et qui domine tous les autres, c'est qu'ils ont le cerveau plus rétréci, plus léger et moins volumineux que celui de l'espèce blanche. Mais cette supériorité intellectuelle, qui selon nous ne peut être révoquée en doute, donne-t-elle aux blancs le droit de réduire en esclavage la race inférieure? Non, mille fois non. Si les nègres se rapprochent de certaines espèces animales par leurs formes anatomiques, par leurs instincts grossiers, ils en diffèrent et se rapprochent des hommes blancs sous d'autres rapports dont nous devons tenir grand compte. Ils sont doués de la parole, et par la parole, nous pouvons nouer avec eux des relations intellectuelle et morales, nous pouvons essayer de les élever jusqu'à nous, certains d'y réussir dans une certaine limite. Du reste, un fait plus sociologique que nous ne devons jamais oublier, c'est que leur race est susceptible de se mêler à la nôtre, signe sensible et frappant de notre commune nature. Leur infériorité intellectuelle, loin de nous conférer le droit d'abuser de leur faiblesse, nous impose le devoir de les aider et de les protéger. (Pierre Larousse : article Nègre, Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle (1872)
5- Ernest Renan

Ernest Renan écrivain, philosophe et historien français, fervent partisan des idées darwinistes écrivit ceci : "La conquête d'un pays de race inférieure, par une race supérieure, qui s'y établit pour le gouverner, n'a rien de choquant... Autant les conquêtes entre races égales doivent être blâmées, autant la régénération des races inférieures par les races supérieures est dans l'ordre providentiel de l'humanité. L'homme du peuple est presque toujours chez nous un noble déclassé ; sa lourde main est mieux faite pour manier l'épée que l'outil servile... Versez cette dévorante activité sur des pays qui comme la Chine, appellent la conquête étrangère... Chacun sera dans son rôle. La nature a fait une race d'ouvriers. C'est la race chinoise d'une dextérité de main merveilleuse, sans presque aucun sentiment d'honneur : gouvernez-la avec justice, en prélevant d'elle pour le bienfait d'un tel gouvernement un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre, c'est le nègre ; soyez pour lui bon et humain, et tout sera dans l'ordre ; une race de maîtres et de soldats, c'est la race européenne. Que chacun fasse ce pour quoi il est fait et tout ira bien (Ernest Renan, La Réforme intellectuelle et morale, 1871)

En résumé, on note que le pendant raciste de la théorie de Darwin a trouvé un terrain très fertile dans la deuxième moitié du XIXème siècle puisque à cette époque, l'homme blanc européen cherchait toujours implicitement une théorie pour justifier ses propres crimes. 

Les pères de la doctrine du racisme 

1- Joseph-Arthur Gobineau

La dérive continua et les doctrines de la sélection naturelle et du darwinisme social se sont très vite retrouvées associées à un autre courant de pensé malsain instigué par un écrivain français, le comte Joseph-Arthur Gobineau qui publia "Essai sur l'inégalité des races humaines en 1853". Cet essai qui n'a absolument rien de scientifique ne démontre qu'une exaltation idéologique très malsaine de la part de son auteur.

Gobineau insistait sur le fait que le facteur le plus déterminant dans le développement était la race et que les races supérieures étaient celles qui conservaient leur pureté. Il distingue trois races inégales : la blanche, la noire et la jaune. La noire en constitue la variété la plus humble et gît au bas de l'échelle. La jaune est dotée de "raison pratique" mais dénote un penchant naturel à la médiocrité. La blanche a le sens de l'honneur et possède une aptitude civilisatrice supérieure. Pour lui,  il n'existe nulle part en Europe, de véritables civilisations sauf chez les nations où la race aryenne a dominé.

Dans une lettre du 26 juin 1856, le darwiniste Ernest Renan écrivit à Arthur de Gobineau à propos de son essai sur l'inégalité des races humaines : "Vous avez fait là un livre des plus remarquables, plein de vigueur et d'originalité d'esprit, seulement bien peu fait pour être compris en France ou plutôt fait pour y être mal compris. L'esprit français se prête peu aux considérations ethnographiques: la France croit très peu à la race."

"Point de civilisation véritable chez les nations européennes quand les rameaux aryens n'y ont pas dominé."
A. de Gobineau.

2- Houston Stewart Chamberlain 

Ensuite, l'essayiste anglais Houston Stewart Chamberlain contribua à l'approfondissement de ces idées en prônant la pureté du sang germanique comme objet essentiel de sa théorie. C'est également lui qui mêla la religion aux notions de race.  Pour lui, la race est inscrite dans la conscience et c'est donc à partir de critères moraux que se révèle l'appartenance à la race. Il estime qu'une "discipline de la race" peut, par sélection, tendre à la reconstruction d'une "race noble". Les Juifs formeraient une race coupable d'un crime de "lèse-sang". Mêlant race et religion, Chamberlain fait du Christ un Aryen "qui n'avait pas dans ses veines une seule goutte de sang juif". Or je rappelle que Jésus est né à Nazareth, une ville située au nord d'Israël donc physiquement il devait ressembler à un israélien d'aujourd'hui c'est à dire qu'il devait être probablement légèrement typé. Mais non pour Chamberlain, seuls les Germains sont dignes de la parole de Jésus. Son objectif : débarrasser le christianisme de ces "races impures" pour créer une religion adaptée à l'essence du type germanique. Hitler admirait Chamberlain, il fut même l'une des rares personnes à venir le voir sur son lit de mort en 1927.

"Même s'il était prouvé qu'il n'y eut jamais de race aryenne dans le passé, nous voulons qu'il y en ait une dans l'avenir : pour les hommes d'action, voilà le point de vue de l'avenir."
H.S. Chamberlain.

3- Georges Vacher de Lapouge

L'anthropologue français Georges Vacher de Lapouge dont j'ai déjà parlé, darwiniste convaincu persuadé que le sort du monde repose sur la victoire des Aryens sur les Juifs,  publie en 1899 : "L'Aryen et son rôle social". Ce livre fournira plus tard tous les éléments fondateurs à l'antisémitisme nazi. Il va théoriser "scientifiquement" sa vision raciale et raciste du monde en procédant à un classement et la hiérarchisation des races. Il détermine plusieurs types en Europe : 
- L'Homo europeus; grand blond (anglo-saxon ou nordique), protestant, dominateur et créateur, il forme l'élite
- L'Homo alpinus, représenté par l'Auvergnat et le Turc, parfait esclave craignant le progrès
- L'Homo contractus ou méditerranéen, incarné par le Napolitain et l'Andalou, appartenant aux races inférieures.

"Arrogant dans le succès, servile dans le revers, grand amasseur d'argent, d'une intelligence remarquable, le juif est impuissant à créer."
G. Vacher de Lapouge.

4- Ernst Haeckel

Ancien disciple de Darwin, le biologiste évolutionniste allemand Ernst Haeckel fut l'homme qui fit connaître les théories de l'évolution à travers Allemagne. Il fut l’un des premiers à proposer une classification des races humaines en s’appuyant sur la théorie de Darwin. Selon Haeckel, les races noires étaient les plus proches du singe, tandis que les Indo-Germains (regroupant selon lui les Allemands, les Anglo-Saxons et les Scandinaves) constituaient la forme la plus évoluée de l’humanité. En ce sens, Haeckel est l'héritier des préjugés raciste et d'une iconographie de la suprématie de la race blanche. Cela dit, petit aparté, malgré ses idées monstrueuses Haeckel avait quand même une qualité que l'on se doit de reconnaître, c'était un très bon dessinateur. Vous pouvez admirez ses "croquis" dans l'ouvrage "Art Forms in Nature" qui est un ouvrage magnifique. Je le conseille à tous les amoureux du détail, de la symétrie et de la nature.

5- Hitler et le nazisme

Après avoir été bercé par toutes ces idéologies, Hitler adopta le racisme politique inspiré par les pères du racisme Arthur Gobineau, Houston Stewart Chamberlain, et George Vacher ainsi que le racisme biologique d'Haeckel lui même inspiré de Darwin. D'ailleurs l'influence même du darwinisme sur Hitler et tous les autres idéologues nazis est incontestable. Dans la théorie élaborée par Hitler et Alfred Rosenberg, on peut rencontrer des concepts tels que la "sélection naturelle", "l'accouplement sélectif" et la "lutte interraciale pour la survie", idées récurrentes dans L'origine des espèces de Darwin. Le titre du livre d'Hitler, Mein Kampf (Ma lutte), est directement inspiré du principe darwinien selon lequel la vie est une lutte constante pour la survie, et ceux qui en ressortent victorieux survivent. 

Dans ce livre, Hitler parle des races de la manière suivante : "L'histoire culminerait dans un nouvel empire millénaire d'une splendeur incomparable fondée sur une nouvelle hiérarchie raciale organisée par la nature elle-même." Il dit également : "La race aryenne nordique est la détentrice de toute culture, la vraie représentante de toute l'humanité, et c'est par application divine que le peuple allemand doit maintenir sa pureté raciale. La race germanique est supérieure à toutes les autres et la lutte contre l'étranger, contre le Juif, contre le Slave, contre les races inférieures est sainte." 

On voit que pour lui la « race aryenne » est l'unique source de tous les progrès de l'Humanité. Pour la survie de l'Humanité, les nazis se doivent de préserver la race germanique des races inférieures qui, en polluant la génétique humaine, l'amènent à sa perte. Voilà pourquoi les nazis stérilisèrent ou emprisonnèrent tout ceux qu'ils considéraient comme malades (handicapés, homosexuels), ou comme atteints de maladies héréditaires (cécité, surdité, schizophrénie, etc), ou de maladies mentales, en s'appuyant sur une lecture particulière des théories eugéniques du Britannique Francis Galton (cousin de Charles Darwin).

Le raisonnement des nazis consistait à penser que mélanger leur sang aryen "purs" avec des peuples "inférieurs" entraînerait invariablement la dégénérescence de leur civilisation, qu'ils estimaient comme la civilisation élue et supérieure à toutes autres. Les mélanges compromettaient le niveau de la race aryenne, ce qui s'accompagnerait forcément par des régressions physiques et mentales.

 "Le continent nord-américain restera fort, déclara un jour Hitler, tant qu'il (l'habitant allemand) n'est pas victime de la dénaturation du sang". En d'autres termes, tant que l'allemand ne s'accouple pas avec des peuples non-germaniques. Lorsque Hitler a dit : "Si l'on enlevait les Allemands du Nord, il ne resterait rien d'autre que la danse des singes", cette pensée s'appuyait directement sur l'idée darwiniste que l'homme descend du singe!

Toutes ces affreuses idéologies expliquent donc l'insensibilité monstrueuse et totale dont on fait preuve les nazis en commettant leur actes atroces contre les Slaves, les Tsiganes (les Roms), les noirs, les handicapés, les Russes et surtout les Juifs. 

Conclusion

En synthétisant toutes mes connaissances, acquises au cours de très nombreuses lectures qui m'ont soulevé le coeur, j'espère avoir pu vous donner un aperçu très détaillé sur les origines du mal et sur le racisme, des sujets pour moi essentiels. J'espère qu'à travers ce bref compte rendu de l'histoire, vous avez pu comprendre que le racisme tire ses origines dans de multiples préjugés et que finalement seuls quelques hommes, en quelques siècles, en ont été les instigateurs ; les autres n'ont fait que suivre sans réfléchir... Seul un enseignement approprié, visant à promouvoir notre esprit d'analyse peut venir à bout de tous ces stéréotypes. Chaque esprit doté de la moindre petite pensée raciste ou tout simplement d'une pensée de supériorité doit cultiver dans son coeur et dans son esprit la conscience de l'unité organique du genre humain. C'est aujourd'hui un fait avéré, le mot race est une absurdité! On a prétendu par ce terme évoquer des caractéristiques physiques différentes entre des groupes de personnes, mais cela n'a rien de scientifique. Il n'y a pas de race, ou plutôt il n'y a qu'une seule race, une seule espèce, l'espèce humaine! 

Tous les scientifiques du monde savent et affirment aujourd'hui que les Homo Sapiens forment une seule et même espèce, et que les différences anatomiques que l'on perçoit entre les individus ne sont que l'expression plus ou moins forte de gènes communs. Le système génétique n'a JAMAIS pu isoler de phénomènes qui soient par exemple présents chez tous les noirs et absents chez tous les blancs ou inversement. Les biologistes ont démontré qu'il n'existe pas de marqueur génétique de la race. Tous les blancs n'ont pas les mêmes gènes, tous les noirs non plus. Une personne blanche peut être beaucoup plus proche génétiquement d'un voisin africain ou asiatique. En cas de greffes d'organes, peu importe les différences physiques observables entre différentes ethnies, tous les organes sont les mêmes et sont compatibles.

"Vous êtes les fruits d'un seul arbre, et les feuilles d'une seule branche. Appliquez votre esprit et votre volonté à l'éducation des peuples et des familles de la terre pour qu'un jour... tous les hommes deviennent les défenseurs d'un même ordre et les habitants d'une même cité.... Soyez comme les doigts d'une seule main, les membres d'un seul corps." Baha'u'llah.


1 commentaire:

  1. βαρβαρίζω (f. ίσω, ait. -ιῶ)) 1 agir ou parler comme un étranger ou un barbare p 2 parler une langue d'une manière barbare, faire des barbarismes [βάρβαρος].

    βαρβαρικός, ός, όν : 1 d'étranger, de barbare, qui concerne les étrangers ou les barbares; τὸ βαρβαρικόν, les barbares p 2 barbare, cruel : τὸ βαρβαρικόν, Luc. manière barbare [βάρβαρος].

    βαρβαρικῶς, adv. 1 en langue barbare, c. à d. en langue étrangère, particul. en langue persane Il 2 avec barbarie Il Cp. -ώτερον.

    βαρβαρισμός, οῦ (ὁ) langage inintelligible comme serait une langue étrangère [βαρβαρίζω].

    βαρβαριστί, adv. à la façon des barbares [βαρβαρίζω].

    βάρβαρος, ος, ον: I étranger, barbare, c. à d. non grec: ἡ βάρβαρος (s. e. γῆ) les pays étrangers: οἱ βάρβαροι, les étrangers, p. opp. aux Grecs, particul. les Mèdes et les Perses; β. φωνή, ESCHL. γλῶσσα β. SOPH. langue étrangère ou barbare 11 II p. suite, qui concerne les étrangers ou barbares: βάρβαρος πόλεμος, THC. guerre étrangère, avec les barbares || III semblable au langage ou aux moeurs des barbares, d'où: 1 barbare, incorrect || 2 grossier, non civilisé [cf. lat. balbus].

    βαρβαροφονος, ος, ον, qui parle une langue étrangère; p. suite, qui parle comme un étranger, c. à d. au parler rude [β. φώνη].

    βαρβαρόω-ῶ, f. ώσω, rendre barbare, d'où au pass. ètre barbare, c. à d. inintelligible [βάρβαρος].

    βάρδιστος, v. βραδύς.

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